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"Des silences au trou noir"

14 juin 2008

Taï chi et silence, quel lien? et pourtant si!

La danse du vide et du plein

entretien avec Gregorio Manzur, propos recueillis par Marc de Smedt

Rares sont ceux qui, telle Fabienne Verdier durant dix ans pour la calligraphie, sont humblement allés étudier en Chine auprès des maîtres de la tradition. Gregorio Manzur est de ceux-là. Pendant vingt ans il s’est rendu à Shanghai étudier avec deux maîtres de tai-chi, détenteurs de ce savoir gestuel nourri de tout le savoir antique du taoïsme.


Aujourd’hui, en Occident, tout le monde a entendu parler ou vu les évolutions de cette gymnastique lente, cette danse très fluide que des millions de Chinois pratiquent chaque jour dans les parcs, les places ou les rues, le matin tôt ou à n’importe quel moment de la journée, pour se ressourcer.

Le tai-chi a aussi gagné ses lettres de noblesse en France, ainsi qu’en témoignent sa récente inscription comme sport agréé pour le baccalauréat et les centaines de livres parus sur son sujet. Il est donc en passe d’être digéré par l’Occident comme l’a été le yoga.

Journaliste et écrivain, Gregorio Manzur, qui l’a étudié avec ferveur en Chine auprès de grands maîtres, va bientôt publier un livre où il raconte son histoire. Vingt ans de longs voyages en Chine, à se frotter à cette pratique qui est à la fois un exercice gymnique et une méditation : le taoïsme et tout le savoir chinois sur les énergies ramassés dans ces Mouvements du silence.

Nouvelles Clés : Que signifie Tai-chi ?

Gregorio Manzur : Certains traduisent taichichuan par l’expression : la grande énergie. Mais l’interprétation traditionnelle parle plutôt de l’art de combat du “faîte suprême”. On évoque ainsi la clé faîtière d’une maison, qui gouverne tout l’édifice. Cela concerne aussi bien l’aspect philosophique que l’aspect martial et la culture de l’énergétique chinoise de cette pratique gestuelle. On l’appelle aussi “l’art du combat du principe des principes”. Le tai-chi n’est pas un art qui conduit seulement à l’assouplissement des articulations et à une connaissance plus approfondie de l’esprit, ni à devenir un grand technicien et un maître de combat... Celui qui aime le tai-chi devrait intimement s’engager à étudier dix ans pour commencer à comprendre de quoi il retourne et être guidé vers sa véritable identité, définie ainsi par le taoïsme : l’homme ou la femme vrais, sans conditions, sans mérite, sans affaires, se situant au-delà de la vie et de la mort. C’est dire l’ambition de cet art. La personne qui le pratique s’engage à se libérer de toute dépendance aux objets, au désir de renommée, de fortune, d’influence, de pouvoir, etc. Le tai-chi qui, posant les bases des arts de combat, pourrait se prêter à une déviance vers les prouesses techniques martiales, se trouve ainsi métamorphosé par la quête de sens du pratiquant en une quête d’intériorisation et de connaissance de soi et de ses énergies.

N. C. :En décomposant les mouvements lents du tai-chi on voit en effet très bien comment ces mêmes mouvements, pratiqués rapidement, deviendraient des gestes guerriers. On dit d’ailleurs que c’est un art martial doux...

G. M. : Pourquoi dit-on que les mouvements du tai-chi sont lents ? En fait, ils le sont par rapport à nos rythmes de vie, en contraste avec notre frénésie. Il ne faut donc pas superposer un concept externe à une activité foncièrement interne. Ce que nous appelons la lenteur du tai-chi est le rythme naturel de l’énergie interne de l’être humain. Comme le disent les taoïstes, le travail du tai-chi consiste à “aller du ciel extérieur au ciel intérieur”, donc à évoluer des activités plus ou moins trépidantes de notre vie quotidienne vers le calme intérieur pré-existant à toute cette agitation. D’où l’importance d’être bien guidé sur cette voie par des instructeurs qualifiés.

N. C. :Comment les trouver ? N’y a-t-il pas risque de se retrouver face à des professeurs imbus de leur technique et passant complètement à côté de l’aspect disons spirituel de cette discipline ?

G. M. :Certes, il y a un risque. Et les vrais maîtres sont rares. Il faut donc observer le pratiquant : si une véritable transformation s’opère, s’il montre moins d’angoisse, plus d’ouverture, s’il s’exprime avec plus d’acuité, si son corps s’assouplit et se révèle en meilleure santé, avec un sommeil et une digestion améliorés, s’il a la sensation de vivre une vie plus vaste, intégrant les flux du yin et du yang de manière plus harmonieuse... alors on peut se dire que ce pratiquant est guidé par un instructeur qualifié.

N. C. :N’est-ce pas aussi dû à la force de la gymnastique elle-même ? Le maître zen Deshimaru nous disait : “Le zen, c’est zazen” (la posture assise de la méditation), voulant exprimer ainsi que tout se trouve dans la pratique elle-même.

G. M. :Oui, je suis témoin, pour avoir suivi certaines scéances avec lui, qu’il disait cela. Mais il guidait la pratique ! Et c’était un maître qualifié ! Lui-même incarnait la transmission du zen. Dans le tai-chi, c’est pareil : si un instructeur vous montre bien la série des mouvements enchaînés, la posture immobile du ch’an (devenu zen au Japon) et l’aspect philosophique de tout cela, on peut malgré tout passer à côté de l’essence de sa vraie nature, si le poids moral de cet instructeur n’est pas assez puissant.

N. C. :Cela veut-il dire qu’on ne peut se lancer dans le tai-chi tant qu’on n’a pas rencontré un vrai maître ? Cela semble excessif !

G. M. :Bien sûr que l’on peut faire du tai-chi avec des tas d’instructeurs ! Mais heureusement, une insatisfaction interne se manifestera tant que nous n’aurons pas trouvé un instructeur qui nous donne cette dimension que nous attendons intimement. Le besoin de suivre une discipline telle que celle-ci vient du plus profond de nous-même : on peut passer par quarante instructeurs sans préjudice, si cette urgence interne nous pousse à découvrir, au-delà des techniques, l’enseignement qui nous correspondra vraiment. Je rappelle ici l’adage zen : lorsque le disciple est prêt, le maître apparaît. Mais il faut toujours se méfier des instructeurs improvisés, qui peuvent donner à l’élève de mauvaises habitudes.

N. C. :Il y a aussi ces innombrables livres sur le tai-chi, avec les photos des gestes à faire, comme s’il était facile de pratiquer tout seul...

G. M. :Certains livres se révèlent bons comme sources d’information. Mais pratiquer seul, guidé par un manuel avec des photos peut s’avérer réellement dangereux. J’ai rencontré récemment une personne qui m’a fièrement montré des mouvements pratiqués pendant sept ou huit ans en solitaire en suivant uniquement des livres. C’était catastrophique, car sa façon de faire bloquait toutes les énergies ! J’en étais mal à l’aise tellement il s’était enfermé dans un système personnel, détruisant l’harmonie interne au lieu de la créer ! Par contre, lorsqu’on suit un cours de tai-chi, un bon manuel conseillé par le professeur peut aider à mieux comprendre l’enchaînement des mouvements et leur sens.

N. C. :Que signifie le mot chi (aussi transcrit qi) ?

G. M. : Les Chinois en parlent comme du souffle vital, l’énergie créatrice par excellence. Ce n’est en rien une énergie mécanique, comme nous serions tentés de le croire en Occident. Pour les Chinois, le chi est intelligent ! C’est l’énergie universelle, qui fait que notre monde et l’univers existent. La “spontanéité cosmique” trouve sa base dans le chi. D’ailleurs, depuis presque un siècle, les recherches de pointe des physiciens et des astrophysiciens convergent vers des concepts voisins de ceux, millénaires, des taoïstes. Cela dit, la vraie question est de saisir comment intégrer cette dimension impersonnelle, nous qui avons tendance à tout vivre sur un plan personnel. Comment accepter qu’à partir d’un certain seuil, notre ego puisse être dépassé ?

Il faut une révolution interne pour percevoir cet impersonnel en soi.

N. C. : On peut donc se connecter avec le chi ?

G. M. : Nous sommes le chi ! Mais nous n’en avons pas conscience. Le conseil taoïste : “Allez progressivement du ciel extérieur au ciel intérieur”, signifie qu’il faut passer de l’énergie musculaire à l’énergie interne du chi. Celle-ci est impalpable, mais elle est le constituant de notre être le plus intime.

Dans la pratique du tai-chi, les muscles, les nerfs, les os... se mettent au service de cette énergie intelligente qui nous relie, sans faillir, avec l’énergie universelle. Quelqu’un, un philosophe hindou je crois, a dit que nous vivons dans “le grand péché de la séparativité.”

L’être humain, par une série de méprises, s’est mis sur un piédestal, au-dessus et en dehors de tout le reste. Le tai-chi est une tentative, parmi d’autres, qui vise à éliminer cette séparation d’avec la grande force cosmique à laquelle nous appartenons et dans laquelle nous sommes immergés. Après des années de pratique, nous pouvons comprendre physiquement que chaque fois que l’on bouge un doigt, c’est l’univers qui bouge, et qu’à chaque pensée, c’est l’univers qui pense.

Mon penseur chinois préféré, Lin-Tsi (Lizi) dit cette chose étonnante : “Ah, cet univers, si vaste, si magnifique, si éblouissant, qui occupe une si petite place dans le vide !” Il exprime ainsi que tout ce que peuvent nous dévoiler nos sens, nos imaginations, nos déductions, tout cela n’occupe qu’une toute petite place à l’intérieur de quelque chose qui nous échappe complètement, et que les Orientaux appellent la vacuité, le vide.

Mais une discipline comme le tai-chi, ou d’autres disciplines spirituelles, nous disent que si cette énergie incommensurable est inaccessible pour notre intellect, nous pouvons en revanche apprendre à vivre en harmonie avec elle.

C’est une chance pour l’Occident de découvrir des disciplines comme le tai-chi, le hata yoga ou le zazen. Mais il faut que l’enseignement soit de qualité et bien digéré ! Il faut ensuite faire confiance au discernement des êtres à la recherche d’une philosophie de vie, pour comprendre ce qui est bon pour eux.

taichi


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14 juin 2008

Marc De Smedt nous dit aussi sur le silence...

Si l’on peut dire avec John Cage qu’il n’existe pas de silence total, on peut affirmer que le silence ne cesse jamais d’impliquer son contraire et que seul le fond sonore de notre environnement nous permet de le reconnaître. Le silence, c’est du temps perforé par des bruits. Le silence est la couleur des événements : il peut être léger, épais, gris, joyeux, vieux, aérien, triste, désespéré, heureux... Il se teinte de toutes les infinies nuances de nos vies. Sans cesse, si on l’écoute, il nous parle et nous renseigne sur l’état des lieux et des êtres, sur la texture et la qualité des situations rencontrées. Lieu de la conscience profonde, il fonde notre regard et notre écoute. Le silence intérieur : comment, dans le tumulte des pensées, fantasmes, images qui nous habite, peut-on arriver à retrouver le silence en soi ? Artistes, poètes, philosophes, mystiques savent depuis toujours que dans l’attention au silence de la pensée s’enracine toute créativité. Que de lui, ainsi que l’exprime un Koan zen, s’élève l’esprit immortel. Dans un monde de plus en plus bruyant, la valeur du silence est à redécouvrir. Nous l’avons peut-être oublié, nous sommes des êtres porteurs de toute la sagesse immémoriale du silence.

   

 

zendo_reflection

14 juin 2008

extrait de mon site favori : nouvelles clés

Marc de Smedt - Patrice Van Eersel    

Retrouvons le silence !



Gordes, le 21/12/05

Mon cher cousin des villes,

En cette fin d’année, je me pose deux graves questions : le silence est-il une denrée de plus en plus rare ? Faut-il partir loin dans le désert ou dans un monastère pour le trouver ? Ma réponse est non. Le silence au contraire se trouve partout, y compris en nous, mais rien dans notre éducation ne nous a permis de le repérer, de l’utiliser, d’y plonger pour profiter de ses multiples bienfaits et de son incroyable richesse. Bien au contraire tout semble avoir été fait pour nous inciter à en avoir peur.

Je ne donnerai ici qu’un exemple, d’une réaction typique et fréquente de nos sociétés occidentales : nous sommes un groupe d’amis assemblés et discutons allégrement. Tout d’un coup la conversation tombe et un silence se fait : un ange passe, comme le dit joliment l’expression populaire. Et nous que fait-on, au lieu de le laisser passer cet ange en profitant de sa pleine beauté ? On sort la mitraillette à paroles et on l’abat. Comme si ce moment de silence entre les participants créait une gêne tellement insupportable, qu’il fallait la rompre, en disant absolument n’importe quoi, mais quelque chose qui recrée du bruit, de l’agitation, de l’animation. Étonnons-nous ensuite du fait que les individus de la race dite moderne se révèlent aussi angoissés : ils ne savent pas se poser dans le silence et en jouir. Ils ont peur du vide. Et pourtant, bien des sociétés orientales, qu’elles soient arabes ou asiatiques, ont développé une véritable culture du silence qui fait qu’il peut être littéralement vécu en convivialité. On sait apprécier la plénitude des silences autour d’un repas ou d’un thé par exemple et on n’a pas besoin de tout le temps parler pour avoir le sentiment d’exister et d’être heureux ensemble.

Comme tu le sais, j’ai suivi onze ans durant un maître zen, Taïsen Deshimaru, qui disait : « les occidentaux croient toujours que, pour trouver la paix et la sérénité que il faut aller se réfugier loin dans une cabane dans la montagne, ou dans une cellule de monastère. Mais ils ne se rendent pas compte que cet ermitage se trouve en eux même : ils sont la cabane et la montagne et le désert ». Que voulait-il exprimer par là ? Tout simplement qu’en apprenant à méditer nous pouvons apprendre à trouver en nous ce calme et ce silence tant espéré et rêvé dans nos vies suragitées. Il existe de multiples formes de méditation et le yoga, le zen, le tai-chi... se révèlent être d’excellentes techniques orientales qu’il nous faut savoir utiliser pour apprendre à déclencher en nous des états de relaxation et de concentration propices à la création d’un calme intérieur salutaire. La marche et la plupart des sports sont aussi créateurs d’endorphines. Ces substances biologiques qui créent du calme en nous.

Mais toutes ces techniques ont pour but de nous faire comprendre comment discipliner notre mental, ce singe fou qui n’arrête pas de tourner à plein régime.

Le bruit intérieur qui nous habite de façon constante est le plus grand obstacle à la compréhension du silence et à la découverte de ses potentialités cachées.

Un simple exemple : je suis en train de me promener dans la nature après une semaine chargée. Au début il y a le seul plaisir de la marche ; puis, sournoisement, mon esprit se met à gamberger dans tous les sens : souvenirs, préoccupations, angoisses, images diverses, bribes de conversation... cela tourne et retourne dans ma tête. Je suis, comme le dit si bien l’adage populaire, perdu et noyé dans mes pensées. Du coup je ne vois plus la nature environnante, je perds tous les bénéfices de ma marche et j’erre comme un somnambule égaré dans son rêve éveillé. Si par contre je prends conscience de cet état de vagabondage intérieur et reviens à la lucidité de l’instant présent, si à l’aide de grandes respirations, voire en accélérant la marche, je fais taire mon mental, le silence ainsi retrouvé me fait à nouveau apprécier toutes les beautés de la nature qui m’entoure, je vois la lumière dans les feuilles, et les plantes palpiter et la vie exister et la création se déployer sous mes yeux. A ce moment -là, dans cette fusion retrouvée grâce au silence intérieur, même si celui-ci s’avère fugace, je suis pleinement vivant, complètement là dans la présence, et cet état me ressource absolument, régénère mes énergies en les purifiant et me permet de voir l’existence et ses aléas avec un œil clair. J’ai développé tout cela dans mon livre "Eloge du silence" chez Albin Michel.

Mais je voudrais ajouter encore quelque chose.

A partir du moment où l’on commence à s’intéresser à ces processus en œuvre en nous, on peut s’amuser à repérer les silences qu’ils soient extérieurs ou intérieurs : pour ces derniers il suffit donc de voir notre état de vigilance et de présence. Un adage zen dit : « on va de pensée en non-pensée et de non-pensée en pensée ». C’est intéressant de repérer ces intervalles là. Ainsi on me parle : suis-je en état d’écoute ou suis-je en train d’écouter mon propre bavardage mental ? Je fais quelque chose : suis-je dans ce que je fais ou en train de gamberger ? Etc. En ce qui concerne les silences ambiants, un des éléments du jeu peut être de se rendre compte qu’il y a en fait autant de silences qu’il y a d’adjectifs : quelqu’un entre dans une pièce sans rien dire mais il est triste ou joyeux ou préoccupé ou amoureux ou quoique ce soit d’autre : son silence va avoir la couleur et la texture de son état. De même en société : on peut s’amuser à comprendre le silence des gens que l’on côtoie et s’exercer ainsi dans un art dans lequel excellent les asiatiques ! En témoignent ces réunions avec des chinois, des japonais ou autres, où de grands silences bien vibrants paniquent complètement les pauvres hommes d’affaires occidentaux !

Oui, repérons nos silences et toute notre vie s’en trouvera changée car nous nous rendrons compte que l’existence n’est pas faite que de bruits et qu’un infini arrière fond existe, qui est un véritable espace ouvert de calme et de liberté : comme une page blanche sur laquelle on peut écrire et dessiner nos vies.

Je souhaite donc, mon cher cousin, que nous-mêmes, nos amis, nos lecteurs et tous nos frères et sœurs humains, sachent se ressourcer dans leur silence intérieur, cette écoute et ouverture majeure !

Mon cher cousin des champs,

Ah, comme ta lettre de vœux m’a fait du bien ! Sans rire : je l’ai lue et relue, et relue, y trouvant chaque fois de nouveaux éléments. Avec évidemment un danger : me mettre à « gamberger » sur ce que tu y dis, alors que ton propos est justement de m’inviter à limiter la gamberge !

Je suis particulièrement frappé par ce que tu rapportes de ton maître Deshimaru, qui disait que nous, Occidentaux, attendions de nous trouver en retraite quelque part dans la montagne ou le désert, pour enfin nous octroyer une vraie tranche de silence. C’est exactement ce que je fais... c’est à dire plutôt ce que je ne fais pas : comme je n’ai jamais le temps (trop speed, trop activiste, à la fois trop enthousiaste et trop angoissé) de prendre de vraies vacances et de m’offrir à moi-même ce temps d’arrêt physique auquel je rêve, ou plutôt auquel je me fais croire à moi-même que je rêve - dans le désert, en montagne, etc. -, eh bien, j’ai ainsi un alibi béton pour ne jamais arrêter mon « singe fou », c’est à dire mon mental en permanente ébullition. Mais si tu réussis à me convaincre - et c’est presque fait - que je peux faire retraite en moi-même à tout instant, même en pleine ville et au milieu de la foule, cela change évidemment beaucoup de choses...

Cela dit, je suis obligé de t’avouer que d’autres m’ont déjà tenu des propos similaires, à différentes reprises et que j’ai été plutôt lent à comprendre...

Je me souviens notamment d’un ami professeur de yoga, qui m’avait entraîné à son cours. Or, je ne parvenais pas à trouver le juste milieu entre une fausse méditation (en réalité envahie de toutes sortes de parasites mentaux et émotionnels) et l’endormissement pur et simple (j’étais tellement crevé qu’à la première seconde de vrai lâcher prise, je m’écroulais et me mettais à ronfler au milieu des apprentis yogis, qui gentiment me laissaient faire, même si mes ronflements les gènaient !). J’ai commencé à trouver un « truc » pour calmer le singe fou en rencontrant Jacques Mayol, à la fin des années 70 : il pratiquait le yoga sous l’eau ! Or, en apnée sous l’eau, pas moyen de t’endormir, ni de tricher : si tu ne te calmes pas, tu es vite obligé de remonter à la surface ! Et comment faire, alors, pour se calmer, par trois ou quatre mètres de fond ?

Mon truc était de me chanter une toute petite chanson. Une berceuse en somme ! Non pas destinée à m’endormir le corps, mais le mental.

C’est une méthode qu’il m’arrive de pratiquer encore, pour me calmer : je me fredonne un petit air. Et comme une fée m’a un jour appris un mantra indien qui, paraît-il, me correspond, eh bien, je fredonne mon mantra. Ce n’est certes pas encore le silence dont tu parles si bien. Mais c’est le chemin sonore qui y conduit. C’est vrai que le silence pur, je ne le connais pas, me semble-t-il...

Enfant, un grand silence m’effrayait. En fait, je me souviens très bien que ce silence faisait du bruit : une sorte de souffle, qui m’épouvantait, car il représentait pour moi l’absence des autres, l’absence de ma mère en particulier. Dans un poème d’adolescence, j’ai appelé ça plus tard « le bruit farineux du néant ».

Un truc écœurant.

Terreurs enfantines, bien sûr, toutes imbibées de la dépendance à autrui.

Celui qui veut découvrir que son propre centre est en lui-même ne doit pas s’effrayer de ce vide, dont tout nous dit qu’il est très plein. Il doit même le goûter. C’est fou, comme la vie peut nous amener à nous délecter de ce qui, au départ, nous a fait si peur.

Merci mon cher cousin, de ramener tout cela à la surface ! Oui, merci encore pour cette très belle lettre de Noël. Paix et joie pour toi et pour tous les tiens et à l’année prochaine !



© Patrice van Eersel / Marc de Smedt

6 juin 2008

Allez voir le site des Baba sifon

Je vous lance une invitation au voyage au pays du monde imaginaire, des territoires intérieurs.
Vous passerez par la musique, le chant, les contes et les proverbes de l'Océan indien...

C'est par ici que ça se passe !

6 juin 2008

Aller voir le blog de fleur du Japon !

C'est une amie, qui a crée son blog aujourd'hui!

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6 juin 2008

Open your heart to hear silences!

Le silence ouvre aussi à la créativité!

SILENCELESS

Copyright : Joelle Paviot

6 juin 2008

La terre : une minute de silences !

La terre est pour moi le plus grand des corps humain et les hommes en sont les atomes.
Follow me here :

6 juin 2008

Chut!!

En général le bruit est perçu de l'extérieur et pourtant ce même geste peut aussi concerné notre intérieur!   


images

6 juin 2008

Désertique

 

Oyé la population, qui pourrait supporter un tel soleil de plomb sans se plaindre?
Pourtant, ce paysage magnifique impose son silence.

desert

6 juin 2008

Les sonorités aériennes et sous-terreines

Que de bruit par ici!

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